Azami Yamaeda - Quest of violence (finie)

Caractère

On dit de moi que je ne suis qu'une âme perdue, un cœur en peine qui se contente d'être là sans pour autant être pleinement présent. Je ne suis pas quelqu'un de loquace ou de profondément à-même de tenir des discussions simplement pour combler les blancs. Au contraire, j'ai l'habitude de me complaire dans cette gêne qui peut s'installer entre les individus lorsqu'aucun ne vient soutenir une conversation. Plutôt amusé par l'idée que je peux mettre mal à l'aise mes camarades simplement parce que j'ai pour rituel de fixer les gens sans autre volonté aucune que pour le jeu, je sais jouer des médisances à mon égard pour instiller le doute dans l'esprit de ceux qui me côtoient. Les gens pensent que j'oscille entre plusieurs tableaux, et que je pourrai me révéler être un traitre à la moindre occasion. Pourtant, je suis pleinement et entièrement fidèle aux valeurs et idéologies défendues par le Gotei 13, cette nouvelle famille que j'ai appris à apprécier au fil du temps.

Doté d'un fort tempérament quand il s'agit de venir à bout de mes adversaires, je ne respecte que la force et la droiture martiale. Pour moi, ce qui se joue des codes pour se démarquer ou qui n'ont pour eux que le nom de Shinigami ne sont pas dignes de faire partie des treize armées. Plutôt intégriste dans ce domaine, j'ai une vision assez militariste de ce que doit être un soldat du Gotei. Je ne comprends pas que certains puissent se la couler douce alors que notre travail est, par définition, jamais fini. Le sentiment de vengeance que j'ai à l'égard des meurtriers de Makino me pousse certainement à toujours me dépasser, à ne jamais me reposer pour devenir de plus en plus puissant. C'est cette quête de force qui me ronge, je le sais, mais je ne peux m'en défaire sans avoir l'impression qu'on me dépossède de ce que je suis devenu aujourd'hui.

J'ai tendance à ne pas prendre au sérieux les avertissements que l'on peut me donner, ayant une trop haute estime de moi-même pour voir le danger quand il est sous mes yeux. En cela, je suis loin d'être un tacticien, me contentant de me jeter dans la bataille sans faire attention à ce qui m'entoure. Pourtant, je n'ai aucune difficulté à me servir de mes camarades dans les manœuvres que je peux entreprendre, surtout si ceux-ci peuvent me gêner une fois sur le champ de bataille.

Histoire

Ma seconde vie – et la seule dont je peux me souvenir, comme toutes les âmes arpentant la Soul Society – a débuté dans les quartiers nord du Rukongai. J'ai eu la chance de « renaître » dans le troisième district, où le taux de criminalité est particulièrement bas du fait de sa proximité avec le Seireitei. Rapidement, et alors que j'errais sans trop d'objectifs dans les rues pour autant pas foncièrement paisibles, je me suis lié d'amitié avec une femme âgée – en apparence tout au moins, tant il est difficile de donner un âge réel aux âmes. Makino était son nom, et elle habitait une petite cahute faite de bois aux abords du deuxième district. Dotée d'une bonté naturelle, c'est notamment grâce à elle que j'ai pu en apprendre plus sur ma nouvelle condition et ce que cela voulait dire. J'étais désormais une âme, parmi la multitude de celles qui composaient le Rukongai, cette cité éternelle et immense.

J'ai passé une dizaine d'années auprès de Makino. Elle était âgée, certes, mais le temps ne semblait pas avoir d'effet sur elle. Continuant d'entretenir le petit étalage de nourriture qu'elle tenait au marché du coin, elle ne faillissait jamais à sa tâche, pas plus qu'elle ne se plaignait des poids qu'elle devait porter régulièrement. Moi, je m'étais donné comme mission de l'aider autant que je le pouvais, même si elle n'était pas prête de me laissé les rênes de la petite entreprise qu'elle avait mis des années à construire. Une vie simple, frugale même si l'on considérait les difficultés que pouvait rencontrer certaines âmes n'ayant pas eu la chance de naître si proche du Seireitei et de sa sécurité. Certes, la colère grondait bien souvent contre les shinigamis qui n'arpentaient pas avec assez de régularité les rues pour éviter les accrocs encore réguliers, mais ce n'était rien quand on comparait à ceux qui vivaient dans les zones les plus profondes du Rukongai. Makino m'avait raconté qu'elle avait un jour du se rendre dans le quarante-cinquième district pour une livraison, et qu'elle en gardait encore un souvenir traumatisant. Tous les vices y étaient réunis, et la corruption seule amie.

Me jurant de ne jamais mettre un pied là-bas, j'ai continué à mener cette petite vie tranquille. Makino et moi étions devenus très proches, tant et si bien que je la considère encore aujourd'hui comme une sorte de grand-mère spirituelle – et le mot est, dans notre cas, bien approprié. Je pense que j'aurai pu passer mon éternité ainsi, m'étant acclimaté de ce petit confort personnel et de ce quotidien plutôt morne. Peut-être en aurais-je eu marre au bout d'un millénaire ou deux, mais j'aurai certainement été trop vieux alors pour m'en rendre compte, et mon âme aurait certainement fini par se délier lentement au fil du temps. Oui, je suis sûr que j'aurai pu continuer ainsi encore un moment si on ne m'avait pas arraché à cette tranquillité retrouvée.

C'était un soir comme tous les autres. Makino et moi rentrions du marché, les bras chargés de marchandises que nous n'avions pas eu le temps de vendre. La nuit commençait doucement à tomber, et il ne nous restait plus que quelques mètres avant de regagner le confort de notre petite maison de fortune. Makino grimaçait de temps en temps sous l'effort, mais elle se refusait à ce que je l'aide. Une véritable tête de mule. Pour autant, j'avais du mal à la voir ainsi, aussi décidais-je de la laisser se reposer un peu au détour d'une ruelle pour prendre les devants, déposer à la maison la marchandise que j'avais entre les mains, et revenir pour l'aider à porter la sienne. J'arrivais donc devant la porte de notre cabanon, où je jetais avec une certaine nonchalance la nourriture qui allait certainement nous servir de repas pour le soir. Cela fait, j'accélérais le pas pour regagner l'endroit où j'avais laissé Makino se reposer.

Mais alors que j'approchais des lieux, j'entendis un hurlement tonitruant, qui dû se faire entendre sur plusieurs districts aux alentours. Pris d'un mauvais pressentiment, je me mis à courir. En arrivant sur les lieux, il y avait une véritable foule qui s'était massée au milieu de la rue. Me faisant une place en jouant de mes coudes, je fus aux premières loges pour apercevoir le corps ensanglanté de Makino, gisant à même le sol. Hurlant mon désespoir, je me jetais sur elle, mais je dus me rendre à l'évidence qu'il était déjà trop tard. On venait de mettre définitivement fin à sa vie, la ramenant au trépas et à l'oubli éternel.

Le contingent de shinigamis en charge de la sécurité du district ce soir-là mis plusieurs minutes à arriver. J'étais en colère après eux, comprenant soudainement la rage que pouvaient ressentir certains de mes concitoyens à l'égard de ceux qui se pensaient au-dessus de tout parce qu'ils avaient l'insigne honneur d'habiter dans le Seireitei. Pour autant, cette colère se mua bien vite en étonnement lorsque l'un des shinigamis sembla s'intéresser à moi. Selon lui, ma pression spirituelle était étonnamment supérieure à la normale de ce qu'on trouvait la population. Sans être exceptionnelle, elle pouvait me faire prétendre, selon lui, à entrer à l'académie Shin'Ô.  Troublé par la mort de Makino, je prenais quelques jours avant de me décider. Puis, après avoir pesé le pour et le contre, je me suis convaincu que s'était certainement la meilleure solution que j'avais pour gagner en puissance et réussir à retrouver le meurtrier de ma grand-mère.

Prenant les devants, je me présentais donc un beau matin aux portes de l'académie, ayant laissé derrière moi mon passé au Rukongai et l'entreprise que Makino avait passé des années à construire. Elle ne m'en voudrait certainement pas, peu importe où elle se trouvait à l'heure actuelle, si elle avait la conviction que je faisais ça pour me venger de celui qui avait mis fin à sa vie.

Les prochaines années de ma vie, je les passais donc sur les bancs de l'académie, à me former aux arts des shinigamis. Portant désormais la tenue officielle, le sabre et le badge, j'étais bien obligé de reconnaître que cette nouvelle vie, à l'abri derrière les remparts du Seireitei, me donnait l'impression d'être un imposteur envers ceux que j'avais cotoyé jusqu'à présent au Rukongai. Pour autant, rapidement, je me familiarisais avec ce nouvel environnement, sans jamais perdre de vue l'objectif que je m'étais fixé.

Ayant obtenu mon affectation et mon diplôme, me voilà à l'aube d'une nouvelle vie. Je suis officiellement un chasseur d'âme, un passeur pour ceux qui n'y arrivent pas seul. Je suis un protecteur, un arpenteur. Et bientôt, je le jure une nouvelle fois, un vengeur.