[Libre] Excursion dans les quartiers nobles

Excursion dans les quartiers nobles

Azami n’était habituellement pas friand des balades dans les quartiers nobles. Certes, en tant que shinigami, il avait le droit de s’y rendre à condition qu’il n’importune personne ni même ne parle à la moindre âme qui ne lui aurait pas adressé la parole en premier, mais il n’appréciait pas le luxe qui régnait ici. Lui qui avait prit seconde vie dans le Rukongai, dans un quartier assez proche du Seireitei mais suffisamment défavorisé pour être considéré comme pauvre, voir autant de maisons finement ornées et de parures aux abords des jardins lui donnait envie de vomir. Comment les habitants de la Soul Society pouvait cautionner qu’une élite détienne la majeure partie des richesses et du pouvoir décisionnel de ce monde, quand le reste de population crevait de faim dans des rues où le danger était présent à chaque instant ? Comme à chaque fois, il était frappé par l’opulence et la mondanité. Dans ce quartier, on aurait pu se croire dans un monde totalement différent de celui qu’il avait eu l’habitude de côtoyer avant d’entrer à l’académie. Même les quartiers réservés aux shinigamis n’étaient pas aussi magnifiques.

Le cœur en berne ce matin, il avait pourtant décidé de faire fit de ses appréhensions habituelles pour partir se dégourdir les jambes, loin du monde. Il n’avait pas eu l’autorisation de se rendre dans le monde Humain, à cause d’un apparent dérèglement du portail, qui était donc réservé pour la journée pour ceux qui partaient en mission, ce qui n’était pas son cas. Alors, à défaut, il était venu ici. Il aurait pu se rendre au Rukongai, faire un coucou à ceux avec qui il avait passé une bonne partie de sa vie. Seulement, depuis son intégration au sein du Gotei 13, il n’avait pas eu le courage d’y retourner et d’affronter les regards méprisants de ses anciens camarades. Eux qui lui avaient inculqué le dégoût pour les soldats des Treize armées, ils devaient être sacrément en colère à son égard. Sûrement aurait-il le courage de leur rendre visite un jour, mais pas avant d’être certain d’être assez puissant pour imposer le respect par sa simple présence.

Marchant les mains derrière la tête, sa tenue traditionnelle de shinigami l’enveloppant à chacun de ses pas, il s’abandonnait doucement à la lente observation des maisons de ce quartier. Il détestait être en repos ! Rien au monde ne lui faisait plus plaisir que lorsqu'on l'envoyait en mission, ou lorsqu'on avait besoin de lui pour la défense de tel ou tel avant-poste. Mais quand il s'agissait de se reposer, c'était une autre paire de manches. Généralement, ses supérieurs étaient obligés de le contraindre à prendre ses journées, le menaçant de sanctions disciplinaires s'il ne se pliait pas aux règles. Et, le côté très procédurier d'Azami faisait le reste.

Comme à chaque fois qu'elle est en repos, Suiren retourne au domaine de la famille Kyōraku pour voir son père, les serviteurs desquels elle est proche et surtout, lorsqu'il est également en repos, son frère jumeau. Les Quartiers Nobles sont toujours paisibles et puis leur beauté a quelque chose de plaisant pour l'amatrice d'art qui trouve les quartiers des shinigamis parfois trop mornes. Elle aime ses frères d'armes, mais elle a parfois besoin de prendre un peu de distance avec eux, de se retrouver avec elle-même.

Elle est sortie de la demeure familiale pour se promener dans les rues alentours. Parfois, elle s'arrête au détour d'une maison pour observer le détail de son architecture ou la finesse avec laquelle a été réalisé son jardin. Une douceur parfois nécessaire au sein de ce monde emplit de violence. Ses pensées s'en vont bers le Rukongai l'espace de quelques secondes, elle songe à ces zones menacées par des yokais et où des âmes sont cruellement fauchées. Elle en est peinée, mais elle imagine difficilement le Gotei 13 assurer la protection de l'entièreté du Rukongai. Il faudrait davantage de shinigamis et, des mieux formés.

La blonde se stoppe à la hauteur d'un cerisier en fleurs. Elle abaisse légèrement son ombrelle et tend une main en direction d'une branche de laquelle s'échappent quelques jolies fleurs. Elle se demande si elle pourrait collecter assez de fleurs pour se concocter un parfum à base de celles-ci mais elle renonce vite à cette idée, ne souhaitant dépriver le bel arbre de ses pétales.

Lorsque la shinigami tourne de nouveau la tête en direction de la toute, son regard se pose sur la silhouette d'un homme. Un homme à la chevelure rouge et aux yeux vairons. Son visage ne lui dit rien, en tous cas elle doute qu'il s'agisse d'un noble à l'image qu'il renvoie.

Elle s'approche de lui en souriant. Ce n'est pas souvent que quelqu'un qui n'appartient pas à ce milieu vienne se promener dans les quartiers nobles. Elle est donc relativement curieuse quant aux motivations qui ont poussé l'inconnu à s'aventurer ici. Peut-être appartient-il à la Cinquième Division et est-il de ronde ?

"Bonjour" dit-elle en s'inclinant respectueusement. "Votre visage ne me dit rien, est-ce la première fois que vous visitez les quartiers nobles ?" A vrai dire, elle n'est pas totalement sûr que ce soit la première fois qu'il vient, étant donné qu'elle ne passe plus tant de temps que cela par ici. "L'architecture est-elle a votre goût ?" Elle marque une courte pause avant de s'éclaircir la voix et de reprendre : "Veuillez me pardonner, j'ai oublié de me présenter, je m'appelle Suiren. Suiren Kyōraku."

Perdu à sa contemplation des merveilles dont regorge les quartiers nobles qui sont bien loin des atouts fastes et sales du Rukongai, Azami se laisse surprendre par une jeune femme aux cheveux d’un blond solaire, qui dansent sous la légère brise régnant dans les venelles. Elle se complait d’une ombrelle finement décorée, et il suffit d’un simple regard pour remarquer qu’elle semble bien plus dans son élément que ne l’est le shinigami à la crinière de feu. Sûrement est-ce une fille de riche famille, même si la musculature apparente de son corps ainsi que sa pression spirituelle semble indiquer qu’elle n’est pas uniquement adepte des diners mondains ou du maniement du fusain.

« Bonjour. Veuillez m’excuser, je ne m’attendais pas à être abordé dans un endroit aussi historique que peuvent l’être les quartiers de la noblesse. ». Il est vrai que sa réaction, surtout son sursaut modéré, ne laisse pas transparaître le soldat toujours à l’affût qu’il peut être en temps normal. « Je viens me balader ici de temps en temps, lorsque je suis de repos. ». Il se baisse, pour faire suite à sa révérence, mais il dépose un poing fermé sur son propre cœur, en signe d’allégeance. « Azami Yamaeda, soldat de la Sixième division. ». Elle se présente à son tour, et dévoile au jeune shinigami son appartenance à la famille Kyōraku. C’est donc en effet une fille de la noblesse, qui plus est d’un clan assez important au sein de la Soul Society. Azami ne s’est jamais vraiment intéressé aux différentes castes qui font vivre le Seireitei, mais il est assez instruit pour savoir qu’il a face à lui une jeune femme avec le pouvoir, si elle le décide, de l’exclure de l’armée au moindre faux pas.

Le shinigami aux yeux vairons n’a jamais été bien friand des avantages octroyés aux Cinq grandes familles, ni même à celles qui composent la basse noblesse. Il faut dire que les disparités qu’il a pu observer lors de ses années d’errance au Rukongai ne peuvent que l’emmener à une profonde aversion envers ceux qui s’accaparent les richesses de ce monde pour vivre dans de luxueux palais, pendant que d’autres crèvent comme des malpropres dans des rues malfamés. Pourtant, il semble que cet équilibre, comme tout dans ce monde, soit nécessaire au maintien d’un certain status quo. « Enchanté, demoiselle Kyōraku. J’espère que ma présence dans vos quartiers ne vous importune en aucun sens ? Auquel cas, je retournerai sans rechigner vers les appartements de ma division. ». Une légère pointe d’ironie dans la voix se fait entendre. Même s’il ne peut se montrer ouvertement irrespectueux sous peine de sanction qui le mènerait à une exclusion pure et dure du Gotei 13, il ne peut s’empêcher de montrer sa colère de n’être qu’une vulgaire âme en face d’une noble qui a tout depuis l’enfance.

D’ailleurs, puisqu’elle appartient à une famille noble, la jeune femme est-elle une âme réincarnée, comme lui ? Ou bien le fruit de l’union de deux âmes ? Le fait qu’il puisse exister des personnes, à la Soul Society, qui n’ont jamais eu de vie dans le monde humain et sont nées directement dans ce monde, le fascine. Il faut dire qu’il ne s’est jamais penché sur la question, mais il mis dans un petit coin de sa tête qu’il serait intéressant de questionner un membre de la Douzième division à l’occasion histoire d’en apprendre un peu plus. Après tout, ces gars, ce sont de véritables encyclopédies vivantes.

L'homme s'excuse, action qui pourrait être surprenante pour un noble qui n'a pas l'habitude de sortir de cette petite bulle que forme ce quartier étant donné qu'il a juste un peu sursauté. Cependant, Suiren n'a que trop observé ce genre de comportements. Certains shinigamis ont peur de la noblesse et s'excusent pour tout et n'importe quoi -ou ils agissent de la sorte ironiquement, pour moquer cette caste-.

"Ne vous excusez pas, les rues sont plutôt calmes ici. C'est donc moi qui, d'une certaine façon, suis en tort."

Le shinigami avoue venir ici de temps en temps lorsqu'il est de repos, les yeux de la noble se mettent alors à scintiller. S'agirai-il d'un homme d'un homme d'art ? La jeune femme serait ravie de trouver quelqu'un avec qui discuter de cela. Beaucoup disent avoir plus important à discuter de cela et beaucoup, même s'ils sont passionnés, n'osent pas en débattre avec elle. Parfois, elle a l'impression que son existence se trouve entre shinigami et hollow.

"J'appartiens à la Première Division et travailles donc sous les ordres du Capitaine-Commandant Genryūsai Shigekuni Yamamoto."

Le plaisir est cependant quelque peu gâché par la prise de parole suivante du membre de la Sixième Division qui ne manque de témoigner son manque respect envers la noblesse. Elle décide cependant de faire comme si elle n'avait pas décelée l'ironie présente dans son discours.

"Le plaisir est partagé, Yamaeda-san. Vous n'avez pas de soucis à vous faire, voir de nouveaux visages m'est toujours plaisant aussi longtemps que ceux-ci ne viennent pas semer le trouble" répond-t-elle en guise de mise en garde, toujours aussi souriante. Elle sait que l'agressivité ne mène à rien si ce n'est à appauvrir la réputation de la noblesse qui n'est déjà pas apprécié de tous. Suiren décide de s'essayer à un changement de sujet.

"Vous aimez donc la beauté architecturale des lieux ? Ou est-ce plutôt le calme que vous recherchez ?"

L'un n'exclut évidemment pas l'autre mais elle laisse le plaisir à son interlocuteur de le lui annoncer si tel est le cas.